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Cinéma | Philomena – Critique

 Irlande, 1952 : Philomena Lee, encore adolescente, tombe enceinte. Considérée comme une «femme déchue», elle est envoyée au couvent de Roscrea. Bientôt, l’enfant est arraché aux mains de sa mère pour être adopté par des américains…

De 1922 à 1996, des milliers de jeunes femmes irlandaises, considérées comme «perdues» par leurs familles, furent placées dans des établissements dirigés par des nonnes pour soi-disant expier leurs péchés.

Parmi elles, des femmes violées, de jeunes mères, des orphelines, des prostituées ou encore de jolies filles a la sexualité jugée trop précoce. Dans un pays catholique très conservateur, ces foyers aux allures carcérales contraignaient ces femmes à un dur labeur et vendaient leur progéniture aux plus offrants.

Il aura fallu attendre 2013 et surtout la publication des conclusions d’une commission d’enquête pour que l’État Irlandais reconnaisse enfin sa responsabilité dans cette affaire révoltante. Dès lors, il s’avère très difficile pour un réalisateur d’évoquer ce pan de l’histoire irlandaise à travers la quête bouleversante d’une mère pour retrouver son enfant, cinquante ans après qu’il lui ait été arraché, sans être immédiatement accusé de vouloir faire pleurer dans les chaumières.

Pourtant, s’il est vrai qu’en sortant du cinéma vous n’afficherez clairement pas une méga banane, «Philomena» nous dispense judicieusement du pathos ou du misérabilisme inhérents à un tel sujet.

S’inspirant du livre-enquête de Martin Sixsmith, «The Lost Child of Philomena Lee», Stephen Frears («High Fidelity», «Tamara Drewe») transcende le simple fait divers pour en faire un drame aussi saisissant que drôle.

Une superbe leçon de vie sur la foi, la justice et le pardon qui déjoue astucieusement les pièges du manichéisme grâce aux talents indéniables de ses interprètes.

Ainsi, Judi Dench, connue pour son rôle de M dans «James Bond», nous offre avec beaucoup de subtilité le portrait touchant d’une vieille dame crédule, sacrifiée pour la gloire de Dieu et de son église. Tandis que Steve Coogan, instigateur du projet et co-scénariste du film, lui oppose une composition tout aussi forte où se mêle cynisme et sarcasmes.

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