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Jean-Pierre Putters et Fabrice Lambot de Métaluna Productions

Inaugurée en 1979, la boutique Movies 2000 était le repère incontournable des fans de cinéma de genre mais suite à divers problèmes internes, elle fut contrainte de déposer le bilan fin 2008.

Depuis le 6 février dernier, elle a ouvert de nouveau ses portes et nous y avons fortuitement croisé son co-gérant Jean-Pierre Putters. Lors d’une interview croisée avec son nouvel associé, Fabrice Lambot nous avons pris des nouvelles du créateur du magazine Mad Movies.

Pouvez-vous nous parler un peu de cette réouverture

Jean-Pierre Putters : Fabrice et moi, sommes associés au sein de Metaluna Productions et nous avons souhaité la réouvrir. Vous pouvez y trouver des DVD imports, BO inédites, tee-shirt, vieux fanzines, magazines anciens et actuels quasi introuvables en France, photos et affiches de films, goodies mais également des tirages photos que je continue de collecter. J’ai récupéré 2000 photos de Giallo, péplum, western italien, tous les genres et les sous-genre que l’on imagine. J’ai aussi 15 000 ectas que je scanne petit à petit. Ça mobilise pas mal de temps.

Vous êtes des amis de longue date, et avez commencé tout les deux par le fanzinat. Jean-Pierre avec un certain Mad Movies et Fabrice avec Atomovision. Chacun dans son époque, quels sont les enseignements majeurs que vous ont apporté ce véritable boulot de passionné ?

Fabrice Lambot : 1er enseignement, Atomovision n’a connu que 6 numéros et ne fut qu’un modeste fanzine qui n’a jamais eu la prétention d’être au niveau de “Mad Movies”. Il n’en reste pas moins vrai que ce fut une belle aventure entre potes, et qu’on était content de voir chaque nouveau numéro sortir. Et puis à l’époque il y avait un petit revival du fanzinat français puisqu’en même temps qu’Atomovision sortirent Vidéotopsie, Sueurs Froides, Medusa, Hammer Forever, Nuits Blanches et d’autres de qualité.

JPP : On ne peut pas vraiment comparer Mad Movies et Atomovision qui n’a tenu que deux ans. J’ai été pendant 10 ans en Fanzine et je ne renie pas mon passé. Ces expériences nous a permis de nous rencontrer. Nous avons traversé les même filmographies et nous sommes tous les deux passionnés par le cinéma des années 50.

Vous continuez dans la branche du fanzinat via Metaluna, dont le numéro 6 est sorti en Avril. Est-ce que le projet est amené à grandir ou bien est ce un moyen d’expression de passionnés qui ne se retrouvent pas dans la presse actuelle ?

FL : Je pense que pour Métaluna le fanzine on avance au coup par coup, numéro après numéro, et on verra bien comment la revue va évoluer, au niveau contenu, format, périodicité, etc. Là aussi, c’est surtout une œuvre de passionnés qui participe de notre volonté commune, à Jean-Pierre et moi, de faire de Metaluna Productions un incontournable dans le panorama français, principalement par la production de films, longs ou courts, mais aussi par la parution de Métaluna, par la réouverture de Movies 2000, l’édition de DVD de courts métrages, et d’autres choses encore.

Vous êtes associés depuis 2005, dans la société Metaluna Productions, spécialisée dans la production de films et documentaires, mais aussi dans la distribution de ces derniers. Comment est née cette idée ?

FL : Elle est née de notre volonté commune, basée sur une amitié très solide, en fait c’est plus fort que de l’amitié, de faire bouger les choses en France, en tout cas d’essayer. Chacun à notre niveau on avait plutôt pas trop mal réussi professionnellement, et on voulait se fixer de nouveaux challenges. On a d’abord produit mes courts réalisés et puis petit à petit on a développé Metaluna Productions, passant d’asso type Loi 1901 à SARL début 2007.

JPP : On a produit le long métrage DYING GOD, puis des courts notamment LA DOLOROSA de Christophe Debacq, des documentaires comme MARVEL 14 : LES SUPER-HEROS CONTRE LA CENSURE qui a été diffusé sur SciFi, des clips.
FL : DYING GOD nous a lancé et nous a permis d’acquérir une bonne expérience, de tout gérer par nous-mêmes, sans aucune subvention ou soutien financier, et on a appris en faisant, ce qui était d’autant plus compliqué que c’était une production internationale, avec des acteurs américains, français, argentins…

A ce propos, comment se fait il que le tournage de DYING GOD vous ait emmené du côté de l’Argentine ? Le pays étant plus (re)connu pour ses footballeurs que pour son cinéma de genre…

FL : Il y a en Argentine une véritable foison de jeunes cinéastes et une très belle et puissante industrie du cinéma, particulièrement dans le cinéma indépendant et le cinéma de genre. Après ce sont aussi des considérations personnelles, mon épouse étant argentine, qui m’ont conduit à apprécier ce pays et avoir envie de faire du cinéma là-bas.

En tant que fans de cinéma de genre, vous deviez être fier d’avoir au générique de votre film, un acteur comme Lance Henriksen ?

FL : Oui, super fiers. C’est Jean-Pierre qui a lancé le nom le premier, et à force d’acharnement, on a réussit à obtenir son accord. Je suis allé le voir à LA, lui ai parlé du film, et il aimait bien aussi l’idée d’aller tourner en Argentine. Et c’est lui qui m’a recommandé de prendre Agathe de la Boulaye pour le rôle de sa bodyguard, avec qui il avait tourné dans ALIEN VS PREDATOR.

Le film est sorti en DVD en France chez vos regrettés confrères de Néo Publishing, comment avez-vous perçu l’annonce de l’arrêt de leur activité ?

FL : En tant que fan ultime de giallo et de ciné bis rital, c’est une super mauvaise nouvelle, qu’on savait venir depuis un moment car on connaissait bien les gens de Néo. On espère qu’ils vont rebondir au travers d’une nouvelle société.

Quels sont les projets à venir de Metaluna Productions ?

JPP : J’ai commencé à trier des photos et à rédiger quelques notes sur ce qui pourrait être un CRAIGNOS MONSTER 4. Sinon, Arte nous a commandé un 52’ et nous prévoyons également la sortie de FRENCH DEMENCE Vol. 2. Nous avons aussi deux très beaux longs-métrages en développement : THE BROKEN IMAGO de Douglas Buck a qui l’on doit le remake du SiSTERS de Brian De Palma et TOUTES LES NUITS de Romain Basset et le court-métrage de Fabrice Blin Mandragore avec Agathe De La Boulaye.

Fabrice vous ne faites pas que dans le cinéma étant donné que vous avez une branche musique tournée vers le métal. Est-ce un axe que vous souhaitez développer à l’avenir ?

FL : Là c’est une passion perso, tolérée par Jean-Pierre puisque son fils joue dans un groupe de Death Metal, mais en fait on ne sait pas encore trop ce qu’on va faire de cette activité qu’on ne pousse pas par manque de temps, et aussi par manque de rentabilité pour dire les choses clairement. C’est fun à faire si j’aime les groupes. Sinon aucun intérêt.

Avez-vous déjà vu les dernières productions de cinéma de genre français ?

JPP : J’ai eu une cassure lorsque je me suis retiré du circuit. J’ai eu vraiment une césure. Je ne maintiens pas trop au courant de l’actualité. Je vois surtout les films en DVD car j’ai pu m’offrir le home cinéma de mes rêves d’enfant. Le cinéma est devenu à mes yeux un Prisunic car les gens sont devenus irrespectueux notamment avec leurs téléphones portables qui te sortent du film. De plus, il n’y a plus de politique de programmation, fini les cahiers de suggestions. Je suis un peu déconnecté car je suis très pris par le fameux index de “Mad Movies”. Dernièrement, j’ai vu “Dr Rictus” sur Internet… parce que j’en suis encore dans les D. 😆

Vous n’avez pas eu l’occasion de voir les films récents mais quel est votre film culte ?

JPP : Contrairement à ce que l’on pourrait penser ce n’est pas un film de genre. MARIE OCTOBRE, un drame de Julien Duvivier avec Bernard Blier.

Propos recueillis par Valérie Denise & Damien Garrel

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